Calogero, prêt à imposer son (pré)nom
LAURENT HOEBRECHTS

Mis en ligne le 16/07/2002
- - - - - - - - - - - 

Ex-Charts, pote d' Obispo, Calogero voudrait bien passer à la vitesse supérieure.
Avec son 2e album éponyme, c'est bien parti.
Après le Bota, et avant l'Ancienne Belgique, il sera en concert dimanche aux Francofolies de Spa.

D.R.

ENTRETIEN

Ce n'est pas son premier album, mais cette fois-ci il s'est décidé à ne plus tergiverser. Après avoir connu le succès avec les Charts, puis en écrivant pour d'autres (`Châtelet les Halles´ pour Pagny, `Millésimes´ pour Obispo, ou même `On se ressemble´ pour... Mario), Calogero veut imposer son nom. En premier sur la pochette de son 2e opus solo, sobrement intitulé `Calogero´.

Un album qui a été tiré jusqu'ici par les singles `Aussi libre que moi´ et `En apesanteur´. Du coup, `Calogero´ se vend plutôt bien, `gentiment´, pour reprendre le mot qui revient le plus souvent dans son discours (`Il y a une différence entre gentil et mièvre. Mais oui, je suis plutôt un mec sympa, même s'il ne faut pas m'emmerder non plus.´)

Rencontre avec celui qui se voit comme un chanteur pop, fan de rock (chaque fois qu'il peut, il cite les Who, ou Mc Cartney, dont il reprenait encore lors de la dernière Fête de la musique, le `Live & let die´ des Wings), tout en écrivant pour des artistes variété. Paradoxes?

Vous avez connu un premier succès avec les Charts. Etre dans le circuit depuis si longtemps, est-il forcément avantage?

Plutôt oui. Cela m'a permis d'apprendre la scène. Les Charts ont bien marché, mais n'ont pas explosé non plus. Le terrain était donc encore vierge. Puis l'étiquette des Charts était sympa: des mecs sincères, de jolies mélodies, des albums travaillés. Un peu mou, mais gentil.

Au moment où votre premier essai en 99 démarrait assez lentement, vous connaissez le succès en composant pour les autres. N'y a-t-il pas eu alors une frustration?

Non, vraiment pas. J'étais conscient de repartir à zéro. Parallèlement à cela, j'ai commencé à écrire pour les autres. Cela m'a permis de passer par une autre porte. Aujourd'hui, le développement d'un chanteur est devenu très difficile. Pour moi faire des chansons pour les autres c'était un très bon axe.

La manière d'écrire est-elle différente, selon que l'on écrive pour soi ou pour les autres?

Je sens quand j'écris un truc qui n'est pas pour moi. La chanson pour Mario de la Star Academy, par exemple, je n'aurais pas pu la chanter. Ce n'est pas moi. En fait, je compose beaucoup puis je fais le tri. C'est aussi une question de texte. Je n'écris pas mes paroles, et pour les textes, je suis assez chiant.

Comment cela se passe-t-il alors?

Je contacte des auteurs. Parfois je refile la même mélodie à deux auteurs différents. Sur ce disque, j'ai eu la chance de collaborer avec Françoise Hardy. C'était un rêve d'enfant.

Moi, je n'ai pas ce talent-là. Ce que j'écris n'est pas mal, mais je ne veux pas me contenter de cela. Et je suis trop entouré de bons auteurs (Ndr: Lionel Florence, Alana Filippi, principalement...).

La tonalité de l'album est plutôt sombre.

Ce sont mes influences. J'ai toujours aimé Cure, Depeche Mode...

Ce sont des noms, comme les Who aussi, qui sont assez loin de ce que vous faites, non?

Les Who, ce sont des chansons. Radiohead, c'est hyper pop. Sauf les deux derniers albums que je n'aime pas. Moi, j'aime les chansons. `OK Computer´ ou `The Bends´ par contre sont merveilleux.

Cela n'est pas forcément un discours facile à tenir en France où les clans sont assez rigides.

Oui, c'est grave. Pour eux, le rock ce sont des groupes qui font de la bourrée auvergnate avec des guitares électriques! Noir Désir, ça c'est rock, j'adore. Et là ce n'est pas que la musique, c'est le message aussi.

Il n'y a jamais de volonté d'intégrer davantage ces éléments-là?

Non, parce que je suis un chanteur de pop. Si je veux faire passer un message, je veux que si cela soit fait `gentiment´. Je ne crois pas qu'un chanteur puisse apporter quelque chose politiquement. Même les chansons les plus engagées de Brassens ne sont pas forcément les plus intéressantes. Pourtant, des gens comme lui, Brel ou Ferré avaient des choses à dire. Finalement la chanson `politique´ la plus réussie, c'est encore `Foule sentimentale´, qui est vraiment écrite comme une chanson d'amour.

`Calogero´, Universal.

© La Libre Belgique 2002

 

RETOUR